LE MONDE – 29.03.2016

Lugano s’offre un nouveau LAC

Installation inédite

Egalement monographique, la seconde exposition est consacrée au Bernois Markus Raetz, une légende en Suisse, qui joue de l’anamorphose comme personne ne l’ose. Né en 1941, c’est une artiste à l’ancienne, discret, qui se fiche éperdument de sa cote et refuse le plus souvent de pariciper aux foires. Une des rares exceptions fut une présentation d’un bel ensemble à Maastricht par sa galeriste, Farideh Cadot, en 2015, mais cela n’est qu’un amuse-gueule comparé aux 150 oeuvres que montre le LAC. Elles surprendront même les amateurs les plus avertis, notamment grâce à une installation inédite, La Chambre de lecture : une pièce aux lurs de laquelle flottent, pendus à des fils invisibles, des fils invisibles, des fils de fer ondoyants. Au total, 432 qui, vus sous un certain angle, dessinent des profils de visages différents, esquissés du haut du front au commencement du cou.

Leur expression change, leur forme s’estompe et disparaît au moindre souffle d’air : l’effet est d’abord excitant, puis tout simplement magique, surtout quand on pense à l’économie de moyens dont Raetz sait faire preuve. Ainsi, plus loin, cet horizon marin découpé comme s’il était vu à travers une paire de jumelles. Est-ce un coucher de soleil ou un paysage après la pluie. Difficile à dire tant la perception se modifie à mesure qu’on s’en approche. Et pour cause : il s’agit d’une simple feuille de zinc, pliée en son centre, là  où l’oeil va désormais percevoir la ligne d’horizon, et la lumière environnante fait le reste.

Harry Bellet.

Markus Raetz